MARTINE DENISOT

Martine Denisot a poussé dans une province dormeuse et sait parfaitement ce que sent la terre, l’écorce, le foin et les jacinthes sauvages. Sa bibliothèque d’odeurs a germé là-bas, en bordure des champs et des bois. Son goût du voyage, sa fantaisie buissonnière et sa curiosité citadine ont fait le reste.

C’est grâce à sa rencontre avec Jacques Polge (nez de la maison Chanel) qu’elle se confronte vraiment aux matières premières, aux essences et aux absolues : elle a passé plusieurs mois, en “roue libre”, dans le labo de la maison prestigieuse ; elle y découvre les belles matières premières, les molécules abstraites (l’anthranilate deméthyle et son odeur d’encre des gros marqueurs), les accords harmonieux et les notes dissonantes.

Respirer un joli néroli, une tendre rose Centifolia, la douce ambrette ou se délecter d’une pâte de coing ambrée l’inspire tout autant… Sa toute première composition, c’est la marque Lostmarch’ qui la lui commande : une brume universelle pour le linge et la maison. Elle travaille le coing, inspirée par le verger conservatoire du cognassier du château d’Argy, dans le Berry, dont elle est l’une des inspiratrices.

A Paris – vue panoramique sur le jardin du Luxembourg -, devant son orgue à parfum caché dans une malle de voyage rosée, Martine Denisot choisit les matières premières qui feront sa formule. Si une essence lui fait défaut, elle sait la débusquer chez le bon fournisseur ou le chasseur d’odeurs inédites.

Alchimiste des senteurs elle coupe, colle et joue avec les matières comme on jouerait avec les notes. Sa parfumerie est une mélodie précise, raffinée, légère et sans esbroufe, avec un penchant certain pour les parfums “cocon” et les parfums pour soi, ceux qui susurrent, qui chuchotent, qui caressent et qui font du bien.

Lorsqu’il faut verrouiller les formules, elle se fait seconder par Amélie Bourgeois, parfumeur avec qui elle a fondé l’atelier de créations olfactives FLAIR.